La lecture de ce numéro nous indique, une fois encore, que la réalité du paysage est complexe, plurielle, irréductible aux seules notions d’écologie ou d’ingénierie et que la dimension culturelle que nous y projetons, collectivement ou individuellement, demeure son fondement.
A l’image de l’exposition « Ville / Visages, portraits de Rumilly » associant des photographies de la ville et des visages d’adolescents y habitant, tous deux en devenir ; à l’image des réflexions autour du potentiel offert aux générations futures par les observatoires photographiques des paysages quant à la compréhension de notre société et de ses représentations, le projet de paysage engage avant tout le sens du site et sa dynamique d’évolution.
Sébastien Marot, philosophe, plaide pour «…une démarche qui appréhenderait le site comme la matrice d’un projet explorant les multiples strates spatiotemporelles du territoire, comme processus, qui proposerait une lecture en épaisseur et non seulement en plan, qui aborderait la conception du site comme champ de relations et non pas comme arrangement d’objets…»
Outre sa faculté à se confronter aux problématiques contemporaines relatives à la ville et au renouvellement urbain, aux territoires ruraux, aux sites naturels, en proposant des réponses qui réparent, révèlent, anticipent, reconvertissent, embellissent, le paysagiste doit, dans sa pratique, porter un regard sur les échelles croisées et sur les processus par lesquels se construisent les lieux pour explorer la question du rapport au sol, au vivant, au temps, au site et à son histoire. Chaque projet d’aménagement interroge de manière singulière cet existant et s’en empare, pour le faire évoluer, le révéler, enrichir ses pratiques et ses usages.
Cette revue est aussi l’occasion de valoriser l’ensemble des acteurs engagés dans le projet de paysage et de rappeler leur responsabilité dans cette fabrication : les concepteurs, les élus, les services techniques, les entreprises et les usagers. Ainsi, l’arbitrage se présente aux communes lors du choix de produire leurs propres végétaux, ou d’engager des projets de qualité pour l’espace public. De même, les enseignants et parents peuvent faire évoluer les cours d’écoles vers des jardins fertiles, lieux d’expérimentation, d’apprentissage et d’apprivoisement de la nature. Le projet est question de choix, d’engagement et de dialogue.
En filigrane, nous parlons aussi de la nécessité pour cette chaîne d’acteurs, aux points de vue parfois divergents, d’élaborer une culture et des références communes pour pouvoir aménager au mieux leur territoire. C’est là une des vocations du CAUE et probablement de cette revue Paysages.
Pour finir, soulignons que cette rentrée 2014 voit la relance de la politique publique relative à la reconquête des paysages et à la place de la nature en ville.
Souhaitons que cette volonté se concrétise, soit suivie d’effets et en attendant, bonne lecture !
Anne Perrot, paysagiste dplg, vice-présidente de la Fédération française du paysage, section Rhône-Alpes
Au sommaire de ce numéro :
Diffusé largement à l’ensemble des acteurs de l’aménagement, ce magazine retrace chaque année l’actualité du paysage dans le département de la Haute-Savoie. Les thématiques du paysage et de l’aménagement du cadre de vie sont abordées à des échelles variées en s’intéressant à toute la diversité des territoires haut-savoyards. La revue décline un ensemble de rubriques au contenu renouvelé : focus sur un site particulier, dossier thématique, actualité du paysage des collectivités, actualité littéraire…
Responsable de la publication : Arnaud Dutheil, directeur du CAUE
Rédacteur en chef : Frédérique Imbs, journaliste
Coordination éditoriale : Antoine Deneuville, conseiller paysage, CAUE
Gratuit
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novembre 2014
27 p - ill. couleur 21 x 27,5 cm
gratuit (+frais de port et de gestion)